Réduire les déchets, partout, tout le temps

Dans les dernières semaines, j’ai dû amorcer une grande réflexion.

Je suis une fille d’action. Je suis aussi une fille qui a un cerveau en rémission d’un trouble du stress post traumatique. De ce fait, je dois être occupée. Je dois m’accrocher à quelque chose, à des projets, à des buts. Dans la vie, je ne dis pas non, je dis oui et après j’ajuste le tir si nécessaire.

Depuis le début de REFELEMELE, j’étais exposée à la situation suivante :

Les gens nous offraient très souvent des choses qui n’étaient absolument pas sur notre liste.

Parfois c’était par insouciance, mais souvent c’était par “désespoir de cause”. Nos donateurs sont très souvent des gens du troisième âge qui n’ont pas toujours accès à des ressources en matière de revalorisation et, souvent, ce sont des gens qui sont limités par le temps qui passe. La maison vient d’être vendue, on déménage bientôt dans un RPA, on doit régler des détails de succession rapidement, bref, des gens occupés.

Comment dire non à une dame qui nous offre une partie de sa vie précieusement conservée des années durant? Je constatais qu’il y avait un trou.

Je suis et j’ai toujours été une fille de projet. Ça me fait vivre. De l’extérieur (je me le suis même fait dire) ça peut avoir l’air girouette/désespérée/éparpillée mais sachez qu’il en est rien. En fait, peut-être, mais si ça me rend heureuse, je vois pas pourquoi ça serait de l’affaire de quiconque ce que je fais de mes dix doigts et des mes heures verticales comme l’a si bien imagé Louis-José Houde.

Être une fille de projet, être une fille qui dit oui, c’est aussi être une fille qui se fait parfois manger la laine sur le dos. Dieu merci, j’ai un bon radar et un bon flaire, je sais rapidement ce qui va prendre le champ.

C’est ce qui s’est passé. Ça a pris le champ. Qu’est-ce qui a pris le champ ? Le projet Comme l’an 40. Mon raisonnement était le suivant, les gens ont des choses, les gens n’ont pas toujours la possibilité de s’en départir et ce, même si y a beaucoup d’organisme à ce niveau, d’autres gens ont besoin de s’équiper après divers aléas de la vie; faisons le pont!

Malheureusement, les gens ont rapidement confondu revalorisation et site d’enfouissement. Sauf exception, j’ai été dépêché à des endroits pour ramasser littéralement des déchets, j’ai aussi été confronté à un grand manque de respect. Je savais que ça existait car je le vis parfois avec REFELEMELE, comme si de vouloir donner une seconde vie aux choses, c’est demandé la charité … Dieu sait que ce n’est pas le cas.

Je fais partie des gens qui pensent que les entreprises et les initiatives qui cherchent à refaire le monde devraient être saluées et non pas rabrouées, mais bon, ça c’est moi.

Bref, après quelques jours, j’ai rapidement compris qu’on s’attaquait à plus gros que nous.

Lancer la ligne à l’eau, tester le poisson, prendre un pas de recul et ajuster le tir. Voilà ce que j’ai fait. Comme l’an 40 ne poursuivra pas sa mission, PAR CONTRE, nous allons ramasser exceptionnellement des choses qui sont abandonnées “à la pièce”, selon la demande. Mais nous nous afficherons pas comme tel.

Les diverses choses récupérées ayant aucun lien avec la mission première de REFELEMELE qui est de se spécialiser dans le matériel d’art, seront offertes sur un groupe différent appelé REFELEMELE - Surplus

J’ai la satisfaction de me dire que j’aurai essayé, mais je préfère passer de l’énergie sur des choses qui seront vraiment nourrissantes et utiles. Ramasser des déchets ce n’est pas ce pourquoi nous sommes en affaires, d’autres le font et le font très bien.

Je suis là pour continuer ma mission, réduire les déchets de l’industrie textile et de l’artisanat. Cette mission peut facilement déborder, s’étendre et se diversifier. Je continue de garder l’oeil ouvert, d’être en mode solution, qui sait le prochain défi sera peut-être plus réalisable …

Et d’ici là, aux gens qui me trouvent éparpillés et girouette, je vous laisse sur ma citation préférée de Voltaire : “Ceux qui ne croient pas en l’impossible sont priés de ne pas décourager ceux qui sont entrain de le faire.”

C’est en étant girouette et éparpillée, en disant oui le plus souvent possible que j’ai passé les 26 dernières années à fonder et gérer 4 entreprises à succès dont, Refelemele.

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